L’architecture des villages ruraux en Arménie centrale : relevés et interventions pour une stratégie de développement durable

On contribue au débat sur la problématique des villages à risque d’abandon en présentant l’étude des villages armén- iens, en particulier les villages de la région Vayots Dzor. Il s’agit d’un territoire rural, caractérisé par les montagnes du Caucase, riche en ressources naturelles et exploité pour l’a- griculture et l’élevage de subsistance. Le travail naît à partir de la mission de recherche promue par l’école d’Architecture et la faculté d’Archéologie de l’U- niversité de Florence. La recherche intéresse les architectu- res qui traversent la Vayots Dzor, en associant au travail ar- chéologique une rédaction de graphiques architecturaux. Les villes arméniennes, comme re et direct de l’histoire qui a vécu la population, se présentent à nous comme des lieux “coincés” dans un temps passé, auquel n’a jamais suc- cédé un développement de croissance (qu’elle soit techno- logique, économique, ou infrastructurelle), mais plutôt un progressif phénomène d’abandon qui a poussé une partie de la population à migrer vers la capitale. Aujourd’hui, les villages sont habités par une partie de la population et ils constellent le territoire le long des ancien- nes voies de commerce ou dans des points stratégiques, sou- venirs d’un temps riche et orissant, à témoignage qu’un sens implicite et loin de l’identité d’appartenance n’est ja- mais abandonné du tout. Dans une lecture à grande échelle on voit que les villages en Arménie, pour cette caractéristique, représentent un fort témoignage physique de la valeur culturelle d’un territoire vierge de toutes les interventions de transformation urbani- stique qui auraient pu trahir ou tout au moins cacher cette valeur identitaire. C’est pourquoi il apparaît encore plus important de faire face aux phénomènes d’abandon avec une stratégie d’inter- vention pour valoriser le village en lui fournissant des lignes de développement, dans le respect de l’identité et de la cul- ture du lieu même. Cela signi e concevoir une interven- tion seulement après avoir étudié les particularités locales, propres soit du territoire, soit de l’architecture (typologies constructives, maçonnerie, systèmes traditionnels des con- struction, matériaux usés). Nous présentons donc l’étude du village de Yegheghis, en Vayots Dzor, et ses architectures, en soulignant les ca- ractéristiques constructives, les matériaux en usage, les sy- stèmes constructifs locaux, ainsi que les caractéristiques du territoire environnant. Cette analyse montre comment l’acquisition de données passe nécessairement par la connaissance approfondie de l’architecture historique, qui est mise à pro t pour proposer des interventions de récupération à travers les matériaux lo- caux et les technologies que la population peut reconnaître et utiliser. La stratégie que nous proposons est fondée sur une sub- sidiarité et une interdépendance d’interventions capables d’offrir à la population les instruments de développement à partir des ressources locales et des potentialités du lieu. La mise en service d’une ancienne carrière dans les mon- tagnes, le travail de la pierre de construction, l’installation des fabrications pour traiter les matières premières, l’exploi- tation des énergies renouvelables comme l’eau et le biogaz, la requali cation des connexions routières, la construction de maisons, d’écoles et de places : interventions, celles-ci, toutes liées les unes aux autres, qui récupèrent mémoire et tradition pour en faire un instrument de développement. Ces actions génèrent un accroissement du travail et un dév- eloppement d’une autonomie locale. On récupère les villages ruraux en respectant leur dimen- sion et leur contexte, en allant dans le sens d’un développ- ement durable.