Questionner l’émancipation des femmes tunisiennes nécessite une interrogation des rapports de pouvoir qui ont déterminé leurs parcours. Face au cumul des modes de domination (sociale, politique, économique), il s’agit de complexifier le statut de “victime” et d’identifier les enjeux majeurs qui ont eu des effets contrastants sur la condition féminine dans un système socio-culturel et politique complexe et dynamique. Une approche analytique requiert une division conceptuelle des luttes féminines où la dimension du genre et la dialectique tradition/modernité est en réalité imbriquée dans d’autres formes de hiérarchies sociales qui place la femme sous la domination conjuguée du patriarcat et des pouvoirs autoritaires. Dans cette contribution, nous allons retracer le parcours d’émancipation entrepris par les tunisiennes en soulignant le passage à l’égalité juridique et ses implications dans les transformations structurelles de la famille. Le rôle de la femme au sein de la cellule familiale ainsi que son rapport au corps subiront une évolution qui place la femme d’une part, au cœur de la politique de modernisation du pays et de l’autre, face à la tradition arabo-musulmane. La lutte pour l’affirmation d’une subjectivité féminine indépendante ne peut être abordée sans élargir la perspective adoptée à la conjoncture socio-politique, où autoritarisme et instrumentalisation ont, pour trop longtemps, empêché l’expression de la pluralité des identités féminines. L’engagement des citoyennes dans la Tunisie postrévolutionnaire, finalement libérées des jougs de la dictature, confirme l’importance de l’indivisibilité et de l’interdépendance des Droits de l’Homme pour atteindre la pleine dignité des femmes et nous incite à nuancer et à complexifier les lectures des parcours d’émancipation des femmes du Sud.
La femme tunisienne à la croisée des dominations / Hagi, Afef; Mejri, Ouejdane. - STAMPA. - (2015), pp. 55-72.
La femme tunisienne à la croisée des dominations
HAGI, AFEF;
2015
Abstract
Questionner l’émancipation des femmes tunisiennes nécessite une interrogation des rapports de pouvoir qui ont déterminé leurs parcours. Face au cumul des modes de domination (sociale, politique, économique), il s’agit de complexifier le statut de “victime” et d’identifier les enjeux majeurs qui ont eu des effets contrastants sur la condition féminine dans un système socio-culturel et politique complexe et dynamique. Une approche analytique requiert une division conceptuelle des luttes féminines où la dimension du genre et la dialectique tradition/modernité est en réalité imbriquée dans d’autres formes de hiérarchies sociales qui place la femme sous la domination conjuguée du patriarcat et des pouvoirs autoritaires. Dans cette contribution, nous allons retracer le parcours d’émancipation entrepris par les tunisiennes en soulignant le passage à l’égalité juridique et ses implications dans les transformations structurelles de la famille. Le rôle de la femme au sein de la cellule familiale ainsi que son rapport au corps subiront une évolution qui place la femme d’une part, au cœur de la politique de modernisation du pays et de l’autre, face à la tradition arabo-musulmane. La lutte pour l’affirmation d’une subjectivité féminine indépendante ne peut être abordée sans élargir la perspective adoptée à la conjoncture socio-politique, où autoritarisme et instrumentalisation ont, pour trop longtemps, empêché l’expression de la pluralité des identités féminines. L’engagement des citoyennes dans la Tunisie postrévolutionnaire, finalement libérées des jougs de la dictature, confirme l’importance de l’indivisibilité et de l’interdépendance des Droits de l’Homme pour atteindre la pleine dignité des femmes et nous incite à nuancer et à complexifier les lectures des parcours d’émancipation des femmes du Sud.I documenti in FLORE sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.