Les mosaïques pariétales des églises à la lumière des couleurs : images et inscriptions (IVe-VIe siècles)

L’interconnexion entre inscriptions et images, textes et sujets représentés, dans les mosaïques pariétales des églises du début du Moyen Âge trouve un sens nouveau une fois pris en compte la dimension matérielle et visuelle, dont la couleur est le lien. Constitués des mêmes matériaux, lettres et images communiquent les mêmes messages non seulement à travers le sujet représenté et le texte écrit, mais aussi grâce à la nature des matériaux, matière et couleur et à leurs effets de brillance et de réflexion. La signification culturelle attribuée à ces matériaux, transmise par les textes des tituli, ainsi que par les commentaires des sources chrétiennes, nous renseigne sur le choix intentionnel de leur utilisation, sur le sens qui leur était attribué et, par conséquent, sur leur perception par les spectateurs. La présence, la mise en page, les associations chromatiques, les motifs abstraits, la hiérarchie des couleurs et des réflexions qui constituent l’inscription en mosaïque et les images renvoient en effet à des repères visuels collectifs et intégrés par les fidèles qui les regardaient. Cette matérialité dote l’inscription et l’image d’une capacité à transmettre le message verbal qu’elle affiche, sans être lu ni interprété. À ce titre, l’inscription devient donc une image avant d’être un texte et sa dimension iconique et matérielle contribue à la sacralité de l’écriture, interprétée comme une manifestation de la présence de Dieu dans le sanctuaire. L’arrière-plan philosophique et la conception de la vision constituent le processus intellectuel qui inspire le décor et sa réception : la couleur et la lumière génèrent la sensation de voir le sacré dans les décors en mosaïques des églises.